Claude, tu es de retour sur scène avec un nouveau concept qui tourne autour de ta passion de la guitare steel. Comment t’est venue l’idée de réunir des musiciens aux univers aussi variés bien que très ancrés dans le Blues ?
Tout a démarré le jour où j’ai rencontré Ken Emerson lors d’un voyage à Hawaï. J’y suis retourné à plusieurs reprises et nous avions, à chaque fois, l’occasion de jouer ensemble.
Il était déjà venu une fois, à mon initiative, faire des concerts dans des Clubs parisiens et quelques dates à l’extérieur de la capitale. Puis je suis retourné aux USA faire un concert à San Francisco. C’était au Golden Gate Park. Cela ressemblait aux grosses manifestations gratuites des années 1960 dans lesquelles on pouvait voir le Grateful Dead, Jefferson Airplane et toute la scène de San Francisco de cette époque…
C’est à cette occasion que j’ai rencontré Freddie Roulette…
C’était une magnifique journée et nous en avons profité pour faire une photos tous les trois dans le parc.
En rentrant à Paris j’ai regardé cette photo et j’ai réalisé qu’il s’agissait d’un trio de steel guitaristes, comportant des individualités qui jouent dans des styles différents, ce qui est idéal pour faire découvrir cet instrument aux français.
J’ai travaillé sur ce projet et Denis Leblond, le manager de Benoit Blue Boy, m’a bien aidé pour toute la partie contractuelle que je ne voulais pas gérer.
Sinon j’ai eu toutes les casquettes durant cette tournée, chauffeur, attaché de presse, backliner, musicien etc…
C’était vraiment un bonheur de jouer, pendant un mois, avec Freddie et Ken !
Quelle a été leur première réaction en découvrant un musicien français si passionné de guitare steel ?
Ils ont été surpris dès le départ effectivement…
Quand je suis arrivé à Hawaï avec mon Weissenborn (guitare hawaïenne en bois de koa qui se joue à plat, sur les genoux, à l’aide d’un bootleneck, Nda) sur le dos, Ken était à mille lieux d’imaginer que des gens pouvaient jouer de cet instrument un peu partout et plus particulièrement en France.
Ils conservent ce sentiment de surprise. Par exemple en arrivant, ici, à Cognac ils ont constaté qu’il y a du Blues partout dans les rues. C’est une chose dont-ils ne se doutaient pas, chez eux, aux USA…
Ils savent qu’il y a de grands artistes internationaux qui tournent à travers le monde mais ils ne pouvaient imaginer qu’il pouvait y avoir autant de groupes de passionnés qui se produisent sur toutes ces scènes ici.
En même temps, ils adorent ça !
Comment expliques-tu l’engouement actuel pour la steel guitar et le fait qu’autant de jeunes se tournent vers cet instrument. Aussi bien pour le Blues que pour des registres plus orientés World d’ailleurs ?
Les éléments déclencheurs sont toujours les musiciens eux-mêmes. Il se trouve qu’il y a toute une nouvelle génération, à commencer par Ben Harper, qui joue de ces instruments.
En voyant les vidéos clips, les concerts et les prestations télé les jeunes se demandent ce que c’est. A partir de là, ils ont envie de faire la même chose….
Il y a aussi Robert Randolph, et toute la génération de musiciens de « Sacred Steel Guitar », qui émerge actuellement. Ce dernier est un black de 26 ans, né en Floride, qui joue une musique « punchy », proche du Rock. Il est un peu considéré comme un Hendrix de la pedal-steel guitar. Il a quand même fait la première partie de la tournée mondiale d’Eric Clapton. Tous ces éléments ont vraiment fait décoller l’instrument. Avant cela, pour la plupart des gens, la pedal-steel guitar était cet instrument un peu bizarre qu’on entend derrière Eddy Mitchell.
Je fais des efforts de mon côté mais je constate que tout cela m’aide bien. Aujourd’hui je me rends compte que, dans les magasins de musique, les gamins viennent acheter des Weissenborn ou des guitares pour jouer à plat. Le fait de faire découvrir ces instruments et les techniques qui l’accompagnent fait partie de mon processus. Il ne faut pas oublier que ça vient d’Hawaï, que c’est né à la fin du 18ème siècle et que ça a pris son essor au début du 20ème…
Parmi tous les styles qui existent quels seraient tes préférés et as-tu déjà eu l’occasion de voir ces musiciens de « Sacred Steel » qui se produisent dans quelques églises des USA ?
J’en ai rencontré un l’année dernière, il était venu pour le Festival d’Ile de France. Ce type se nomme Aubrey Ghent et il est le cousin de l’instigateur de cette musique. Un « preacher » qui jouait de la steel guitar et qui avait été le premier à introduire cet instrument dans les églises à la place de l’orgue.
Cela s’est passé dans quelques congrégations car aux Etas-Unis tout cela est un peu « classifié » …
J’avais raté le concert de Robert Randolph à Paris, en première partie d’Eric Clapton, mais j’ai eu l’occasion de le rencontrer à Londres où il jouait dans un Club avec son groupe.
Nous avions discuté assez longuement…
Sinon il y a aussi les Campbell Brothers qui viennent régulièrement en France…
Finalement nous sommes biens servis car nous avons déjà pu voir pas mal de gens, qui jouent de la Sacred Steel, en France…
C’est un truc qui va marcher car c’est vraiment terrible. On peut dire que ce sont des bluesmen qui jouent de la lap steel ou de la pedal steel guitar…
Le concept que tu viens de lancer avec Ken Emerson et Freddie Roulette est une chose que tu penses encore pouvoir développer dans l’avenir. Voir approfondir en termes de musiciens et faire une tournée encore plus étoffée ?
Nous en avons bien envie car il y a beaucoup de Festivals que nous n’avons pas pu faire cette année pour cause de planning. Il n’est pas évident de faire des salles durant les mois d’été. De surcroît nous n’avions ni press book, ni enregistrement, ni photos pour nous vendre.
J’ai, quand même, réussi à trouver de belles dates. Je pense qu’avec les retombées médiatiques que nous allons avoir à la suite de cette tournée, il sera envisageable de donner une suite à cette aventure. Je pense que la bonne période sera mars - avril 2009...
Y a-t-il un album du Guitar Steel Trio en préparation ?
Malheureusement il n’y a pas d’album en gestation pour l’instant. Par la force des choses il y en aura un…
Faire un disque est une chose qui peut aller très vite, à partir du moment où nous interprèterons notre répertoire de scène et que nous sommes ensemble…
Un ordinateur, un pro Tools, des guitares et ça ira très vite !
Pour conclure j’aimerais évoquer tes autres activités musicales. Tu es depuis longtemps l’accompagnateur de Patrick Verbeke et tu as partagé la scène avec Paul Personne de 2004 à 2007. Aurais-tu de nouvelles collaborations sur le point d’aboutir ?
Avec Pascal « Baco » Mikaelian, nous allons continuer notre bout de chemin ensemble avec The Duo. Nous étions en stand by car nous étions tous les deux très occupés de notre côté.
J’ai un projet immédiat qui devrait se concrétiser, au moment où je te parle, la semaine prochaine. Je devrais, en effet, collaborer au nouvel album de Popa Chubby qui sera très orienté Country Music et Rockabilly. Il voudrait pas mal de pedal steel guitar dessus…
Nous allons nous voir la semaine prochaine vers le 27 ou 28 juillet afin de faire quelques sessions ensemble. S’il est content du résultat, nous continuerons et il y aura peut être des scènes en perspectives…
As-tu une conclusion à ajouter à cet entretien ?
J’espère simplement que les gens vont continuer à se passionner pour des musiques et des instruments qui changent de tout ce qu’on entend traditionnellement un peu partout. Qu’ils soient plus curieux maintenant qu’ils ont l’opportunité, via Internet, de découvrir plein de nouvelles choses.
Ma génération ne bénéficiait pas de tous ces moyens. Cela ne nous a pas empêché de découvrir et d’aimer toute la musique des années 1960-70, ainsi que de fouiner dans les bacs des disquaires pour trouver la perle rare. Il faut que les gens continuent d’être curieux et que, lorsqu’ils lisent un nom improbable au verso d’une pochette de disque, ils cherchent à savoir d’où vient cette personne et pourquoi elle a écrit cette chanson, qui a enregistré la version originale etc…
C’est comme ça qu’on découvre la musique !
claudelanglois.com
http://www.myspace.com/claudelanglois
Remerciements : Gwenaëlle Tranchant du service de presse du Cognac Blues Passions ainsi qu’à Denis Leblond.
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